Serge Aimé Coulibaly: Kalakuta Republik. 12.08.2017, Tanz im August, HAU1, Berlin.
Avec „Kalakuta Republik“, Serge Aimé Coulibaly, véritable chorégraphe-chef d’orchestre, rend hommage au père de l’afrobeat Fela Kuti en questionnant le devoir de révolte de l’artiste : une nécessité de communiquer, de faire passer une émotion qui se traduit par une composition chorégraphique foisonnante, complexe, étonnement écrite, au vocabulaire virtuose qui oscille entre rupture et reconnexion. La pièce se construit en deux parties, la première, ininterrompue, obsessionnelle, illustrée par cette phrase projetée « sans histoire on deviendrait fou » et rythmée par un morceau de Fela Kuti durant 30 minutes, sur fond d’images de guerre récentes en noir et blanc. La seconde partie plus sensuelle, plus colorée, chargée d’émotions, soulignant que l’« on a toujours besoin de poètes », et qui rappelle ces bars-temples où Fela Kuti aimait se livrer, s’évader… À la différence de „Nuit blanche à Ouagadougou“ (présentée à Berlin l’année précédente), „Kalakuta Republik“ fait plus la part belle à la gestuelle qu’au mot, ainsi transpire-t-il du mouvement une énergie positive, universelle, comme en témoigne cette dernière image immortalisant les trois danseuses expressivement belliqueuses, qui quittent la scène portées par leurs partenaires sereins. Un combat d’une folle justesse.